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Actuellement: Anglage et finitions de l'horlogerie haut de gamme (VI)

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L'auteur

Caroline Sermier, est employée chez Audemars Piguet (Renaud & Papi SA) depuis mars 89.
De formation économique et littéraire, Caroline Sermier, s'est prise de passion pour l'horlogerie dès son arrivée chez Renaud & Papi.
Aujourd'hui son activité en tant que responsable de la communication lui permet d'allier avec bonheur son goût pour l'écriture et sa fascination pour les montres compliquées et en particulier pour les finitions et la décoration des montres haut de gamme.

17. Anglage et finitions de l'horlogerie haut de gamme (VI): Creusures et chamfrein

 

 

 

Le chanfrein, la creusure, la découverte et la parabole

Préambule :

Parce qu’il y a d’innombrables possibilités pour « parfaire» les pièces d’horlogerie ; Une manufacture en quête de perfection ne se contentera pas d’un ébavurage fonctionnel mais ira jusqu’à polir les bords des perçages.

Le perçage brut (photo 1) :
Après l’usinage le bord des trous est irrégulier avec des bavures et des arêtes vives qui sont inesthétiques et qui nuisent au bon fonctionnement de la montre.

Le chanfrein (photo 2) :
Purement fonctionnel, il s’agit d’un cassé d’angle destiné à supprimer les arêtes vives , les éventuelles bavures d’usinage et les copeaux de matière. Tous les perçages visibles ou non devront être chanfreinés.

La creusure (photo 3) :
Désigne la partie fraisée dans un pont ou une platine destinée à recevoir une vis, un pignon, un tenon . En fonction de l’état de surface désirée, elle pourra être polie manuellement.

La découverte :
Appelée également goutte, parabole ou moulure de pierre: Il s’agit d’un chanfrein profond de forme concave (photo 4), généralement polie (photo 5), faite autour d’une pierre pour la dégager et la mettre en valeur.
En plus de son but esthétique non négligeable, le polissage de la surface empêche l’huile de remonter et de s’étaler.

Le chaton (photo 6):
Il s’agit d’une bague métallique (généralement en or) dans laquelle est fixée un rubis.
PS : différentes anecdotes ont été entendues sur les chatons, toutefois la plus vraisemblable semble celle-ci : historiquement les pierres utilisées étaient naturelles donc rares et chères.
Afin de les mettre en évidence, on encerclait la pierre dans un chaton qui la reflétait comme un miroir donnant ainsi l’impression qu’elle était plus grosse.
Actuellement les rubis naturels ont été remplacés par des pierres synthétiques plus fonctionnelles et beaucoup plus abordables, pourtant afin de perpétuer la tradition horlogère, certaines marques prestigieuses ont décidé de continuer à utiliser des chatons qui deviennent même dans certains cas de véritables éléments de décorations. ( photo 7)


L’utilité de la finition du bord des perçages :

Lors des perçages, les outils laissent sur les arêtes des particules de matière. Ces bavures adhèrent plus ou moins fortement et peuvent en se détachant, tomber sur des organes délicats et provoquer l’arrêt de la montre ou d’autres perturbations. Le chanfreinage des arêtes vives et donc une nécessité fonctionnelle. Il en est de même pour le polissage car l’étalement des huiles dépend en grande partie de la qualité de l’état de finition des surfaces. Toutefois, gardons à l’esprit que l’aspect esthétique est loin d’être négligeable en particulier dans les mouvements de belle qualité.



La méthode:

Le perçage dans le métal se fait avec un foret laissant un bord irrégulier avec des arêtes vives et des bavures ; il est donc nécessaire de les reprendre.
Pour cela, deux possibilités s’offrent à nous :
La méthode moderne ou mécanique
La méthode manuelle ou traditionnelle

1) La méthode moderne ou mécanique : (photo 8)
Dans un premier temps, il est impératif de reprendre les trous pour ajuster les cotes et la géométrie avec un alésoir ou mieux une tête à aléser.

Le chanfrein :
On terminera le travail en cassant l’angle avec une fraise à angler (photo 9) de 90 ou 120 degrés qui formera un chanfrein (photo 9A) ou creusure d’aspect brillant satisfaisant qui pourra être améliorer avec un polissage chimique ou manuelle
.

Les moulures de pierres ou découvertes :
Dans le cas des métaux cuivreux et de l’or, les moulures pourront également être complètement réalisées mécaniquement : cette opération s’appelle le diamantage (on utilise une fraise diamant, (photo 11) et permet d’obtenir un état de surface poli miroir (photo 11A) . Concernant les métaux ferreux (acier) on utilise une fraise boule car le diamant s’égrise sur l’acier. Cette méthode nécessite systématiquement une reprise car l’état de surface obtenu n’est pas parfait (photo 10A) , 2 possibilités s’offrent à nous :
- Polissage chimique ou au tonneau pour le moyen de gamme.
- Polissage manuelle à la cheville de bois pour le haut de gamme.

2) La méthode traditionnelle ou manuelle :

On l’a vu, concernant la finition des bords de perçages des métaux cuivreux et de l’or, la méthode mécanique donne un résultat très satisfaisant (photo 17) . Pourtant dans certains cas une reprise manuelle est recommandée, voire nécessaire :
- Pour reprendre un problème d’usinage.
- Pour polir l’état de surface des pièces aciers après l’usinage et les traitement thermiques (oxydation) (photo 10A).


Les différents outils à main :
  • La fraise boule (Photo 12 et 12A) :
    fraise taillée en boule pour ébavurer le bord du perçage. On l’utilise pour obtenir des chanfreins légers de forme sphérique ainsi que les contrefraisages fonctionnels.

  • La fraise conique (photo 13) :
    d’une utilisation plus délicate car plus difficile à centrer, la fraise conique permet de faire un chanfrein à angle droit. On l’utilise pour les creusures de vis et les plus grands rayons.

  • La fraise à roulette (photos 14 et 14A) : fraise formée par une petite rondelle à arêtes tranchantes qui peut tourner à l’extrémité d’un manche pour faire un chanfrein de forme sphérique. On l’utilisera pour la préparation des moulures de pierres ou découvertes que l’on polira avec la cheville de bois (voir ci-après) pour un fini esthétique et un brillant parfait.

  • La cheville de bois (photo 15et 15A*) pour l’éclat final. : Quelque soit la méthode de chanfreinage utilisée, l’état de surface pourra encore être optimalisé par un polissage à la cheville de bois (adaptée sur un petit moteur). Le résultat obtenu : un aspect poli miroir (photo 16).

    Conclusion : Dans le haut de gamme, la recherche de la perfection technique et esthétique est un dogme ; il n’est donc pas question de renier le progrès technique par principe (la tradition du fait main à tout prix). Tous les éléments (matière, outillage,…) doivent être pris en compte et toutes les techniques (mécaniques ou traditionnelles) doivent être mises en œuvres dans le seul but d’optimaliser le résultat.

Voir: Anglage et finitions...(V)

 

 
















   

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